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La base de Bagotville est située dans la région du Saguenay à 200 km au nord de Québec, entre Chicoutimi et La Baie. Elle regroupe près de 1600 personnes et abrite la 3e Escadre qui est responsable de la chasse aérienne pour tout le territoire de l’est canadien. Depuis sa création il y a plus de 50 ans, cette base aérienne joue un rôle primordial aussi bien sur le plan statégique, qu'économique de la région.

Son rôle direct ou indirect, est d’assurer le contrôle de l’espace aérien, la défense du Canada par l’alliance avec les américains au NORAD et fournir le support aux opérations terrestres ou maritimes. De plus, elle doit assumer un rôle de contingence internationale au-sein de l’OTAN et de l’ONU, et supporter la recherche et le sauvetage sur le plan national.

BFC Bagotville pendant la 2ème Guerre.

En 1942, alors que le système d'entrainement de l'aviation était en pleine expansion, l'Aviation Royale du Canada (ARC) établit la première unité d'instruction opérationnelle (1ere UEO) à Bagotville au Québec. Pendant toute la guerre, la base de Bagotville protège donc la région entière, notamment les fonderies d'aluminium de l'ALCAN à Arvida et des installations portuaires de Port-Alfred. La base entraine aussi les nouveaux pilotes (de la RAF et FC) à la guerre. En effet, Bagotville est créée dans le cadre du plan d'entrainement aérien du Commonwealth britannique. Celui-ci est mis en place en 1939 pour pouvoir fournir à la Royal Air Force un nombre constant de nouveaux pilotes et subvenir ainsi aux besoins de guerre. Le 5 janvier 1945, Bagotville ferme ses portes, les pistes sont utilisées pour le transport civil et la plupart des batiments sont détruits.

Les années 50-60

La base est remise en service le 1er juillet 1951 en tant que base d’entrainement et accueille l'escadron 413 "Tusker" avec ses appareils Sabre; puis en novembre est rejoint par l'escadron 414 "Knight", équipé aussi du Sabrel. Leurs séjours ne sont que de courtes durées, car un an plus tard, ces deux unités repartent pour l'Europe, au sein de la 1ère Division aérienne du Canada, toute nouvellement formée. Dans les années 1950 et au début des années 60, l'intercepteur chargé de la défense aérienne “tout temps” était assuré par le CF 100 Canuck. Les chasseurs F 86 Sabre étaient fabriqués sous licence tandis que le CF-100 avait été conçu au Canada. Ces deux appareils étaient propulsés par des moteurs Orenda de conception nationale. Il faut souligner qu’en 1953, le Canada développe aussi son propre intercepteur supersonique “tous temps”: le Arrow CF 105. Appelé à remplacer les Canuck, le CF 105 était un appareil à long rayon d’action pouvant voler à Mach 2. Il était considéré comme très moderne pour l’époque et bien supèrieur aux autres appareils d’interception; cependant le coût élevé de ce programme provoqua malheureusement son abandon. Dans les années 1950, en pleine guerre froide, on avait affaire à une toute autre échelle en matière de moyens aériens; en effet les Force aérienne Canadiennes alignaient plus de 3200 appareils de 42 types différents et entrainaient plus de 5 000 pilotes provenant de dix pays étrangers!

En 1954, Bagotville redevient une base d'attache permanente. Les escadrons 432 et 440 s'y établissent avec leurs appareils CF-100 Canuck. La base ne tarde pas à avoir un role important dans le dispositif de défense du continent Nord-Américain. En mai 1957, l'escadron 440 "Bat" est muté en France à Grostenquin. On le remplace par le 413 "Tusker" rapatrié d'Europe et également équipé de CF-100. En 1961, les escadrons 413 et 432 sont dissous. Bagotville retrouve alors son ancienne mission d'instruction opérationnelle sur les chasseurs tout temps, en plus de son rôle de défense aérienne. Le 31 décembre de la même année, marque le début de l'ère supersonique avec l'arrivée du CF-101 Voodoo qui équipe l'escadron 416.

Dans les années 60, les F 86 Sabre et CF 100 Canuck répartis sur l’ensemble du térritoire étaient remplacés en général par les CF 104 Starfighter ou par les CF 101 Voodoo. En 1962, après son transfert sur la base de Chatham, au Nouveau-Brunswick, le 416 se fait remplacer par l'escadron 425 "Alouettes", équippé de Voodoo. En 1968, la troisième unité d'instruction opérationnelle de chasseur "tout temps" formée à la dissolution des escadrons 413 et 432 change de désignation et est renommée 410 escadron d'entrainement opérationnel “Cougars". La même année, la base reçoit son premier hélicoptère le Piasaki H-21 "banane" qui devient la bête de somme de la section de recherche et de sauvetage.

Les chasseurs CF-100 et CF-101 ne sont pas les seuls appareils opérationnels à Bagotville pendant cette décennie. En éffet en 1969, l'escadron 433 des "Porcs-Epics" y exerce le rôle d'appui tactique avec les Canadair CF-5.
Années 80 à aujourd’hui

En juin 1982, le 410 déménage à Cold Lake en Alberta pour se transformer sur le nouveau CF-18 Hornet. Durant cette même année, le 434 quitte Cold Lake pour s'installer à Bagotville avec ses CF-5, puis à Chatham en juillet 1985. Le 1er juillet 1984 marque la fin de l'ère du Voodoo et la transition de la base de Bagotville au CF-18 Hornet. L'escadron 425 est le premier à s'en équiper en mars 1985 suivi par l'escadron 433 en janvier 1988. Avant la fermeture de la base de Baden-Soellingen en Allemagne, les deux escadrons de CF-18 possédent 12 appareils chacun. Suite à cet évènement, le nombre de CF-18 par escadron est porté à 18. Toutefois par pour longtemps, puisque à la sortie du livre blanc de la défense en 1994, ce nombre est réduit à 15 chasseurs par escadron. La 3ème Escadre qui a successivement servi le Canada à Zweibruken de 1952 à 1968 et à Lahr de 1968 à 1992 est reconstituée à Bagotville le 1er avril 1993. Période pendant laquelle le “439” qui auparavant volait sur CF-18, se voit changer de mission en devenant un escadron de soutien au combat. Suite à ce changement de role, l’escadron 439 est reéquippé de 16 appareils CT-33 et hélicoptères CH-118 Iroquois, remplacés en août 1995 par le plus puissant CH-146 Griffon. L’acquisition du Griffon a été décidé d’une part pour moderniser le materiel existant, d’autre part en vue d’homogénéiser la flotte d’hélicoptères qui auparavant était composé de Kiowas, Iroquois, Twin Hueys et Chinooks. Cette optique d’un appareil multi-missions se généralise un peu partout, dans l’ensenble des forces aériennes toujours par soucci d’économie. Il faut rappeler que le ‘439’ qui auparavant était basé en Allemagne, fut deployé dans la guerre du Golfe avec ses CF-18. Il participa à de nombreuse missions Air -sol contre l’Irak.

Aujourd’hui, les unités principales à Bagotville sont composées:

du 425e Escadron d’appui tactique équipé de 15 appareils CF-18.
du 433e Escadron d’appui tactique équipé de 15 CF-18.
du 439e Escadron de soutien au combat de 4 CT-33 et 3 CH-146.
du 12e Escadron de radar
du 3e Escadron de maintenance

L’ensemble de ces forces ont été déployées au Kosovo et jusqu'a fin 2000 continuaient dans un système de rotations à assurer des détachements à partir d’Aviano en Italie. 

For the full article please contact cockpit_image@hotmail.com

Sources : CF , Bagotville

QG du Commandement aérien (Winnipeg)
QG du Groupe de chasse/Région canadienne du NORAD à North Bay (Ontario)
QG du Groupe Transport aérien à Trenton (Ontario)
QG du 10e Groupement aérien tactique à St-Hubert (Québec)
QG du Groupe aérien maritime à Halifax (Nouvelle-Écosse)

Remerciements :

Les Auteurs et JETS tiennent à remercier vivement le Colonel J. de Rocher de l’Ambassade du Canada à Paris ainsi que le Quartier General de Winnepeg pour avoir autorisé cette visite et ce vol. Grand merci pour ce superbe accueil à Bagotville et pour l’aide précieuse du Capitaine Luc Gaudet, PAO du 3ème Wing dans la réalisation de ce reportage. Merci au LT. Colonel Alain Boyer pour cette mission et à l’escadron ‘425’ pour leur grande disponibilité.